Une etude de la survie du cancer menee au sein de la population met en evidence les inegalites en Afrique, en Asie et en Amerique centrale

Une nouvelle importante etude menee par le Centre international de Recherche sur le Cancer et publiee dans le Lancet Oncology illustre les inegalites criantes en matiere de survie du cancer selon l'endroit ou l’on vit dans le monde. Les pays les moins developpes ont une esperance de vie nettement moins bonne apres le diagnostic d'un cancer que les pays plus developpes : par exemple, la survie a 5 ans apres diagnostic de cancer du sein allait de 12% seulement en Gambie a pres de 80% en Republique de Coree. L'etude a examine la survie au cancer de populations entieres en utilisant les informations recueillies par les registres du cancer, et non les estimations calculees a partir de certains groupes de patients, comme ceux qui frequentent certains hopitaux particuliers. Cette etude souligne la necessite d'investissements urgents et suffisants dans l’ensemble des moyens de lutte contre le cancer, notamment en ameliorant la sensibilisation du public et des professionnels de sante, la detection precoce, la mise en place rapide des traitements, l'infrastructure des services de sante, le developpement des ressources humaines, et une meilleure garantie d’orientation et un acces equitable aux services de sante.

Donnees relatives a la survie au cancer: un indicateur cle du succes de la lutte contre le cancer
Presque tous les cancers tuent s’ils ne sont pas detectes de façon precoce et traites de maniere adequate. La survie a long terme du cancer, soit generalement cinq ans ou plus apres diagnostic, peut signifier la guerison et est une mesure de sondage positive qui peut etre utilisee par les planificateurs, le grand public, les medecins et les patients pour mesurer et discuter l’issue du cancer apres son diagnostic et le succes du traitement. Toutefois, les taux de survie au cancer estimes a partir de certains hopitaux et cliniques ne refletent au mieux que l'experience de certains groupes de patients sollicitant des soins dans ces etablissements, et ne sauraient donc etre generalises comme refletant l'efficacite globale des services de sante en matiere de cancer dans une region ou un pays donne.

Les taux de survie au cancer au sein de la population refletent l'efficacite des services de sante en matiere de prise en charge du cancer
D'autre part, la survie mesuree au sein de la population, estimee a partir des registres du cancer qui repertorie tous les patients atteints de cancer diagnostiques dans une region geographique ou un pays donne, saisit l'influence des facteurs socio-economiques, l’histoire naturelle de la maladie, les comportements de recherche de soins, la sensibilisation, les pratiques de depistage precoce, la disponibilite des traitements et l'accessibilite des services de sante publique. Ces estimations refletent l'efficacite generale des services de sante en matiere de cancer et constituent un bon indicateur du progres de la lutte contre le cancer dans une region donnee. Traditionnellement, des informations systematiques sur la survie, issues de la population, sont regulierement publiees pour l'Europe, les Etats-Unis d'Amerique et d'autres pays developpes. Mais ce type d'etude est relativement rare pour ce qui concerne les pays en developpement d'Afrique, d'Asie et d'Amerique du Sud.
Ce manque de donnees a ete en partie compense par la publication par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) du premier volume de la monographie sur la survie au cancer dans les pays en developpement en 1998.

Besoin critique d’informations issues de la population sur la survie au cancer dans les pays en developpement
Cette nouvelle etude du CIRC est la deuxieme d'une serie qui a systematiquement analyse et centralise l’experience de survie des patients chez qui l’on avait diagnostique l'un des 10 cancers etudies entre 1990 et 2001 dans 25 regions reparties dans 12 pays, principalement des pays a revenu faible ou moyen d'Afrique, d'Asie et d'Amerique centrale. "Cette etude, portant sur 340 000 patients atteints de cancer provenant d'une vaste region geographique, fournit d’importantes indications sur les tendances de la survie dans les pays en developpement. Elle constitue en outre un exemple unique de cooperation au niveau international pour l'amelioration de la lutte contre le cancer", a declare le Dr Christopher Wild, Directeur du CIRC. Des efforts considerables ont ete faits pour ameliorer le suivi du statut vital des patients recrutes et la qualite des donnees. On ne peut cependant pas exclure une certaine surestimation de la survie. La comprehension et l'applicabilite des estimations de la survie au cancer peuvent encore etre ameliorees par un meilleur recueil des donnees des registres de cancer dans la population pour les etapes cliniques et le traitement du cancer, de meme que pour le statut vital.

Les variations de la survie au cancer refletent le degre de sensibilisation et les pratiques de detection ainsi que la prise en charge de la maladie
"La survie a cinq ans pour le cancer du sein varie de 12% en Gambie a 80% en Republique de Coree, et pour le cancer du gros intestin, elle va de 60% en Republique de Coree a moins de 10% en Gambie et en Ouganda, en Afrique sub-saharienne", a declare le Dr Rengaswamy Sankaranarayanan, principal auteur de cette etude et chef de la Section detection precoce et prevention du CIRC. "Ces differences frappantes dans la survie au cancer, entre pays et a l’interieur des pays eux-memes sont en grande partie liees aux differences de prise de conscience generale, aux pratiques de detection precoce, a la disponibilite de personnels qualifies, aux possibilites de diagnostic et de traitement, et au developpement et a l'accessibilite aux services de sante en matiere de cancer, ainsi que, dans une moindre mesure, a la qualite des donnees et aux questions de fiabilite", a ajoute le Dr Wild. "Le message essentiel pour les oncologues comme pour les planificateurs de la sante doit etre que la survie au cancer dans de nombreux pays en developpement est extremement faible", conclut le Dr Michel Coleman de la London School of Hygiene and Tropical Medicine dans un commentaire invite dans le Lancet Oncology.

Investissement global necessaire dans tous les aspects de la lutte contre le cancer
Cette etude souligne la necessite d'investissements urgents et suffisants dans l’ensemble des moyens de lutte contre le cancer, notamment pour ameliorer la sensibilisation du public comme des professionnels de sante, la detection precoce, la mise en place rapide de traitements disponibles localement mais aussi efficaces, l'infrastructure des services de sante, le developpement des ressources humaines, et la garantie d’un systeme d’orientation des malades et d’un acces equitable aux services de sante. Malheureusement, a ce jour, ces investissements n'ont pas ete faits dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, et leurs faibles taux de survie en temoignent. Les differences dans la survie au cancer signalees dans les populations observees entre les differents pays et a l’interieur des pays memes offrent des indications precieuses pour la planification et les investissements necessaires que les gouvernements devront faire a l’avenir dans les activites de prevention primaire, les initiatives de detection precoce et les soins tertiaires pour atteindre un niveau significatif de controle de la maladie.

Reference bibliographique : Cancer survival in Africa, Asia, and Central America: a population-based study, by Dr Rengaswamy Sankaranarayanan et al., The Lancet Oncology, Early Online Publication, 10 December 2009. doi:10.1016/S1470-2045(09)70335-3